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4 et 5 août.

Un coq iranien nous réveille à 6h30. Son cocorico n’est pas le même. Une douche froide et un café chaud nous remettent les idées en place et nous rappellent faits de la veille. Nous avons toujours les 2 Logans bloquées à la frontière. Nous changeons quelques billets avec beaucoup de zéros pour régler la note de notre palace d’un soir et nous repartons vers le poste frontière de Bazargan.

Nous retrouvons notre coquet douanier qui nous réexplique que nous devons prendre une assurance spéciale pour circuler en Iran et qu’il en coûtera 500 dollars pour ces nombreux papiers. Avec quelques difficultés, nous nous faisons confirmer l’information par des personnes plus sérieuses, ou qui au moins sont habillées proprement. Il est 8h30, nous entamons les démarches. Nous nous promenons d’un bureau à un autre, suivons une personne, puis une autre, nous regardons avec attention les tampons de différentes couleurs s’accumuler sur nos documents. Ces tampons sont administré avec énergie par un homme que nous appellerons stamping machine, dont la fonction semble être exclusivement d’utiliser les tampons de toutes les couleurs à sa disposition sur les documents qui passent à sa portée, un vrai professionnel, surveillé par le chef qui déroule les prières à l’aide de son rosaire, musulman vraisemblablement. Ambiance.

10h00. Bientôt fini ? Dans dix minutes. 10h30. Bientôt fini ? Dans dix minutes. 11h00. Bientôt fini ? Dans dix minutes. 11h30. Bientôt fini ? Dans dix minutes. 12h00. Bientôt fini ? Dans dix minutes… 12h30. Bientôt fini ? Dans dix minutes… 13h00. Bientôt fini ? Dans dix minutes… 13h30. Bientôt fini ? Dans dix minutes… Ce sont sûrement les 10 minutes les plus longues de notre vie… Surtout ne pas s’énerver, même si nos collègues de Renault Pars nous attendent à 12h00 pour déjeuner.

Vers 14h30, le chef du poste frontière appose enfin l’ultime et indispensable tampon sur la liasse de documents. Nous avons enfin tous les papiers nécessaires. Il n’y a plus qu’à passer le contrôle de routine des véhicules. Problème. Nous avons oublié dans le coffre, bien visible, une bouteille de Champagne que Renault Deutschland. L’alcool étant évidemment interdit en République Islamique d’Iran, sa détention est punie par la loi. Heureusement, nous n’étions pas vraiment encore en Iran. En bon trafiquant d’alcool, je laisse mes empreintes digitales sur quelques formulaires et la bouteille a pu être stockée à la douane, à reprendre dès que nous repasserons à ce poste frontière avec le reçu. Pas demain la veille a priori. « C’est cher, c’est cher, ça vaut combien ? » A mon avis elle sera troquée bien avant notre retour.

Il est 15h00, par on ne sait quel miracle, tous les papiers sont en règle et les barrières s’ouvrent. Après 18 heures à tourner en rond, nous ne cherchons pas à en savoir plus, nous quittons rapidement et avec joie le petit poste frontière de Barzigan !

Nous roulons enfin à travers les vallées d’Iran, encadrées par de grandes montagnes sans la moindre végétation. Nous nous dirigeons vers Tabriz où nous attendent nos collègues de Renault Pars. Dans le premier village, nous découvrons un peu tard les ralentisseurs iraniens. Ce sont de vrais ralentisseurs ! Il doit maintenant y avoir la trace de nos têtes dans le plafond des Logans ! Nous arrivons ensuite à Tabriz, une immense citée, mais nous avons l’adresse : Hôtel Ilgoli (tout le monde connais). Tout le monde connais mais le trafic est infernal nous ne comprenons pas plus les tabriziens que les douaniers. Personne ne parle anglais, alors nous tournons, tournons, tournons, tournons pendant 1h. C’est le minimum dans une ville pareille… Nous sommes désespérés. La nuit tombe mais personne n’allume ses phares. La police nous demande même d’éteindre les nôtres. Finalement, un étudiant accepte de monter avec nous et nous conduit jusqu’à notre point de rendez-vous, sur les hauteurs ville, à flanc de montagne.

Nous arrivons dans l’allée de l’hôtel 5 étoiles, et là nous croisons, les caméras, projecteurs, appareils photos, flashes, et le groupe de 20 personnes qui nous attend ! Nous rencontrons enfin Ali Kalali (Directeur de Communication Renault Pars) et Charles Stoeng (Responsable de la sécurité de Renault Pars). Ca fait plaisir de mettre un visage des noms que nous connaissons. Après toutes les réunions que nous avons eu ensemble, il était temps, car on s’était plus ou moins créé une image qui ne correspond pas du tout à la réalité (de mon côté en tout cas). Nous rencontrons rapidement les différentes personnes de ACI, Pars Khodro, Iran Khodro et les gagnantes du concours Renault Pars.

Nous avons juste le temps de tester l’ascenceur extérieur, et de nous reposer quelques minutes dans les grandes chambres à notre disposition, tout confort, style européen avec une touche orientale, avec TV d’un côté du lit et Coran de l’autre. Les hôtels se suivent et ne se ressemblent pas.

Rendez-vous dans le restaurant panoramique de l’hôtel pour le dîner. Nous avons plus de temps pour nous découvrir. Nous discutons sur tous les sujets, nous racontons le début de notre voyage et posons énormément de questions sur le mode de vie en Iran. Tout cela se fait un peu en anglais et, encore une fois, beaucoup en français. Renault est une entreprise globale… en français. Ali m’explique qu’il a su saisir l’occasion du Challenge pour organiser le premier événement impliquant du personnel de Renault Pars mais aussi de ACI, Iran Khodro et Pars Khodro. Une bonne occasion de renforcer les liens entre les membres de ces différentes entreprises qui travaillent toutes à la fabrication des Tondar. Les heureuses gagnantes Mona, Mahsa et Ladan nous expliquent comment elles ont formé leur équipe et répondu au quizz pour gagner leur place. Après 2 heures, nous avons l’impression de nous connaître de toujours. Le temps de répondre à une petite interview et nous regagnons nos chambres pour faire de beaux rêves (nous espérons).

Good morning mister, good morning mister, good morning mister… où suis-je ? C’est la réception de l’hôtel qui m’appelle au téléphone et qui tente de me réveiller. Nous reprenons l’ascenseur panoramique (tout est panoramique ici), nous avons droit à la petite musique guillerette jusqu’à l’étage du petit déjeuner. Nous entrons dans une salle majestueuse, le buffet est pléthorique, viandes, fromages, pain iranien, croissants (!), fruits, au rez-de-chaussée. Il y a aussi du miel présenté directement avec un morceau de ruche (quelques alvéoles et un peu de cire). Nous goûtons à tout, nous ne refusons rien. Qui a dit que nous étions gourmands… ?

Après ce petit déjeuner de champion, ou au moins de challenger, nous nous retrouvons tous devant nos 2 Dacia Logan et la dizaine (!) de Renault Tondar90, à savoir les mêmes voitures mais fabriquées en Roumanie et en Iran.

Le convoi se met en marche et nous avons l’occasion de discuter pendant quelques heures avec nos collègues. Comme nous ils sont ingénieurs ou travaillent dans la qualité, assistantent les directeurs… L’impression qui ressort est que nous sommes finalement très proches et le message qu’ils semblent nous dire pourrait se résumer en quelques phrases : Nous aussi nous existons. Nous sommes comme vous. Ce que vous voyez à la TV en Europe n’est souvent que le mauvais côté de notre pays. Nous aussi nous aimons voyager, rencontrer des gens, nous amuser… Nous sommes un peu perplexe, ces personnes vivent en fait une double vie. Une vie publique qui doit respecter une série de règles religieuses très strictes : la séparation homme/femme, le voile, le droit des femmes, la prohibition de l’alcool… Une vie privée identique à celle que nous avons en Europe.

Nous suivons le convoi. Le trajet dure quelques heures jusqu’à et nous discutons à tout rompre. Nous suivons les Tondar, parfois même celles qui ne font pas partie du convoi. Heureusement, après chaque péage Charles fait régulièrement un arrêt pour recompter les troupes et attendre les retardataires.

Nous arrivons à Téhéran, une ville de 8 millions d’habitants qui s’étend de 1400 à 1700 m d’altitude. Au nord, le Mont Alborz culmine à 3000 m. Nous nous dirigeons vers l’appartement de notre nouvel amigo Charles (http://www.stoeng.com), qui nous invite à dormir chez lui. Nous sommes fatigués mais nous devons affronter une heure de trafic rare dans Téhéran. Rare parce quelque soit la vitesse les voitures se touchent presque et qu’aucune erreur n’est permise. Nous suivons le chauffeur-assistant-homme-à-tout-faire de Charles mais nous avançons à 2 km/h et ne peut même pas glisser une main entre les voitures.

L’appartement occupe tout le 19e et dernier étage d’une tour sur les hauteur de Téhéran. Il doit y avoir 300 ou 400 m2, complétés par d’immenses terrasses qui donnent sur toute la ville. Charles y a rassemblé quelques souvenirs et trophées d’ancien légionnaire, d’un peu partout dans le monde. Le temps d’installer quelques matelas dans une grande chmabre et nous voyons réapparaître Charles avec un grand sourire : « Une petite bière bien fraîche ? – Eh, de l’alcool en Iran, c’est quoi ça ? – Vous avez encore beaucoup à apprendre sur ce pays ! – OK, nous voulons tout apprendre, Charles ! » Nous sortons sur une terrasse et profitons de la vue sur Téhéran by night. Pas de spot de discothèque mais on voit bien les limites de la ville et le noir complet qui l’entoure. Derrière nous les montagnes qui sont recouvertes de neige pendant l’hiver et qui offrent quelques pistes de ski. Bières, tequilas, histoires, blagues… Il est temps d’aller dormir, nous devons digérer toutes nos récentes découvertes.

http://picasaweb.google.com/antoine.derome/2008_08_05EntradaEnIranYLlegadaATeheran